La langue de Virginie Despentes se fait ici entendre dans toute son énergie vitale, rythmée par une forme d'urgence et de nécessité, claquant comme un fouet. "Une fille qu’on rencontre en HP n’est pas une fille qui rend heureux. Il voulait jouer contre le reste du monde, avoir raison contre toutes les évidences, il pensait que c’était ça l’amour. Il voulait prendre ce risque, avec elle, et qu’ils arrivent sur l’autre rive, sains et saufs. Mais ils réussissent juste à s’entraîner au fond. Il est temps de renoncer…" Lui, c'est Eric, fils de bourgeois en mal d'expériences extrêmes et révolté contre son milieu familial. Elle, c'est Gloria, une fille de prolos au père violent - c'est lui qui demande à ce qu'elle soit internée en psychiatrie - qui trouve dans le punk sa famille d'adoption et dans la destruction systématique de ce qui pourrait l'aider, une vocation. Eric et Gloria tombent amoureux mais se perdent à leur sortie de l'hôpital.
La famille d'Eric œuvrera en coulisses pour éloigner leur fils de cette punkette qui ne cadre pas dans leur intérieur bourgeois. Vingt ans plus tard, ils se recroisent. Il est devenu un présentateur télé vedette; elle traîne ses guêtres dans un Nancy pluvieux et mélancolique sans plus de projets que trouver où dormir dans les jours qui viennent.
Et les voilà de nouveau embarqués par cet amour qui les avait déjà touchés à l'adolescence. Gloria acceptera-t-elle d'être aimée ou continuera-t-elle à torpiller tout ce qui pourrait s'apparenter à une forme de bonheur dans la durée et la douceur de la tendresse?
