Assia Djebar est née en Algérie et morte à Paris, et sa vie et son œuvre littéraire sont exactement là, comme pour tenter de faire se rejoindre ces deux rives, comme le reflet de son itinéraire : d'une enfance colonisée à l'Académie française, en passant par la guerre de libération Algérienne.
Elle est, par son père instituteur, une fillette algérienne élevée dans l'amour de la langue française, un pur produit de la méritocratie coloniale et républicaine. Mais elle est aussi par sa mère, une berbère riche de son héritage arabo-andalou, qui vit au cœur des assemblées de femmes, au rythme des mariages, des circoncisions ou des après-midis au hammam.
Assia Djebar est de celles qui inaugurent. Première de sa famille à ne pas être voilée. Première fille de sa famille à aller à l’école. Première maghrébine normalienne. Première romancière algérienne. Première à enseigner l’histoire de l'Algérie moderne à Alger. Première réalisatrice maghrébine. Et finalement première femme musulmane à l'Académie.